Réussir sa collecte

Les questions à se poser avant de se lancer dans une collecte de crowdfunding

L'entreprise MIPISE rappelle les principales règles qui président au lancement d'une campagne de collecte de crowdfunding dans un article pratique sous forme de questions à poser au créateur d'entreprise ou porteur de projet.

Les recommandations des gérants de plateformes

Nous avons interrogé trois gérants de plateformes de crowdfunding pour des entrepreneurs agriruraux qui voudraient mobiliser du crowdfunding :

  • Vincent Biot, des plateformes KissKissBankBank (dons avec contreparties) et Hello Merci (prêts 0%)
  • Paola Khawatmi, de la plateforme Ulule (dons avec contreparties)
  • Hortense Garand, de la plateforme Babeldoor (dons avec contrepartie)

Un créateur d'une entreprise agrirurale peut-il solliciter KissKissBankBank ou Hello Merci pour financer son entreprise ?

Vincent Biot : "Oui. KissKissBankBank et HelloMerci peuvent financer des projets agricoles ou para-agricoles, les deux plateformes l'ont déjà fait. La question portera plus fondamentalement sur la possibilité pour le projet de trouver des contreparties créatives qui justifient un financement par dons. "

Hortense Garand : "Cela dépend du montant recherché, et du projet en lui-même. Si ce sont des investissements supérieurs à 10 000 €, Babeldoor n'est pas pertinent (sauf pour un projet culturel qui a déjà de nombreux fans). Notre plateforme accompagne plutôt des besoins précis, ponctuels, urgents. Pour les besoins supérieurs à 5 000 €, on en discute avant avec le porteur de projet."

Paola Khawatmi : "Oui, à partir du moment où le projet est créatif, innovant, solidaire ou bien s'il a une portée collective. Il faut également qu'il puisse fournir des contreparties en nature aux contributeurs."

Quels sont les critères de réussite pour les projets déposés sur votre plateforme ?

Paola Khawatmi : "Il y a quatre principaux critères de succès : un coût adapté au public, un montage original de la collecte, l'avancement suffisant du projet au moment de la collecte, et la communauté de soutien dont dispose le porteur de projet. Il faut mettre de la créativité dans les contreparties. Le projet ne doit pas être grand public, mais ciblé. "

Hortense Garand : "Il faut pouvoir broder une histoire sur le projet, associer des gens. Les contributeurs ne sont pas dans un état d'esprit d'investissement : ils sont touchés par le local ou par un caractère affectif fort du projet, ou bien ils sont intéressés directement par le produit. Ils attendent de leur don de la satisfaction, des nouvelles du projet, des petits cadeaux.  Les clefs du succès : avoir très bien préparé sa collecte. Tout doit être pensé ! Il faut des partenariats, un plan de financement qui n'entraîne pas de déficit pour réaliser l'investissement, des contreparties pas trop compliquées, une présentation soignée du projet. Il faut avoir tout optimisé en amont pour que les 100 jours de collecte soient efficaces."

Comment se déroule la phase de collecte ?

Hortense Garand : "Côté réseaux sociaux, il se produit d'abord une émulation de personnes proches qui vont accréditer le projet, commenter la page (« c'est quelqu'un qu'on aime, en qui on a confiance »). C'est le démarrage, l'allumage. Puis un second cercle prend le relais. Après c'est l'effet boule de neige. Plus la demande de fonds est importante, plus le relais doit être important. C'est la phase de limite de réseau. La 3ème phase ce sont les très gros soutiens. Des mécènes qui font le constat que le projet a convaincu 50 personnes et que 40% des fonds ont été collectés, et que c'est un beau projet. Ceux-là vont permettre de boucler la collecte. Il y a besoin d'établir des partenariats."

Paola Khawatmi : " La durée de la collecte dépend du montant, en moyenne cette phase dure 45 jours. Les proches qui peuvent donner des petits montants se satisfont de contreparties symboliques. De l'autre côté de la gamme de dons, les donateurs qui donnent de grosses sommes le font pour porter des valeurs, pas pour les contreparties matérielles. Ils sont donc également enclins à accepter des contreparties symboliques. Pour tous les autres donateurs, il faut qu'il y ait une attractivité, une cohérence entre le prix et la contrepartie. Ce sont les petits montants qui sont les plus choisis (25 €), et la moyenne de don est à 50€. "

Quelles sont les erreurs classiques ?

Hortense Garand :"Les collectes qui n'ont pas abouti étaient souvent lancées par des porteurs de projet qui manquaient d'habitude des réseaux du web, voire s'en méfiaient. Pendant les 3 mois que dure la collecte, ils se connectaient seulement tous les 4 ou 5 jours, ils n'avaient pas le temps d'animer leur campagne de collecte. Et le public de contributeurs est plus jeune. Il faut être très présent et actif sur les réseaux pendant ces 3 mois. Internet est un outil puissant, mais il ne faut pas laisser le projet noyé dans la masse."

Comment savez-vous si la collecte va réussir ?

Hortense Garand :"Nous passons beaucoup de temps à échanger avec les porteurs de projet, avant la mise en ligne et en suivi pendant la collecte. Généralement on sait si ça va passer. Ce temps consacré à chaque projet est l'une des raisons pour lesquelles Babeldoor a un catalogue de projets limité. Par ailleurs, nous prenons des petits projets, il n'y a pas de failles. Nous travaillons dans la confiance avec des donateurs réguliers, des mécènes."

Que se passe-t-il si la collecte échoue ?

Hortense Garand :"Le projet est alors déréférencé sur le site. Le porteur de projet a accès aux adresses mails des donateurs."

Paola Khawatmi : "Si la collecte ne réussit pas, les donateurs sont remboursés sans frais. Chez Ulule, 65% des collectes réussissent."

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