Transmettre son exploitation en diversifiant les activités

À l’approche de la retraite, comment assurer la pérennité de son exploitation ? En favorisant l’installation de jeunes agriculteurs sur ses propres terres !

C’est la réponse originale mise en œuvre par Alain Plantier, paysan dans la Drôme :

J’avais déjà abandonné l’élevage bovin, de plus en plus difficile, pour me recentrer sur la production céréalière et fourragère en agriculture biologique. Mais je ne souhaitais pas continuer à exploiter seul mes 50 ha. J’ai donc imaginé un projet avec plusieurs activités complémentaires et recherché des associés pour le réaliser.

Convaincu qu’il pouvait aussi aider des candidats à l’installation, il trouve rapidement un éleveur de brebis laitières, désireux d’assurer lui-même la transformation et la commercialisation de sa production (fromage, yaourt), ce qui a nécessité la construction d’une bergerie et d’une fromagerie. Puis, un maraîcher et une productrice de plantes médicinales et de petits fruits se joignent à eux, persuadés que la surface exploitée n’est pas le seul critère de réussite en matière d’agriculture. Tous partagent la même conviction que la combinaison de plusieurs activités, sur les principes de l’agriruralité, offre un réel potentiel.

Ils créent en mai 2009 une entreprise agricole à responsabilité limitée (EARL). L’éleveur et le maraîcher ont obtenu une dotation aux jeunes agriculteurs (DJA), la troisième candidate à l’installation a bénéficié du dispositif Entreprises localement innovantes (ELI). Après des premiers mois difficiles, liés au démarrage de l’activité et aux conditions climatiques (sécheresse, grêle), ils espèrent pouvoir retirer un « petit salaire » de leur activité dès la fin 2010.

Ils ont d’ores et déjà appris à travailler ensemble et vérifié la pertinence d’associer plusieurs activités complémentaires, toutes répondant aux critères de l’agriculture biologique : les plantes médicinales sont utilisées pour soigner les animaux, les cultures sont amendées avec le fumier des brebis, le petit-lait de la fromagerie sert à nourrir des cochons, les légumes non vendus sont transformés sur place en conserves…

La commercialisation se fait à la ferme, par l’intermédiaire d’un magasin de producteurs à Chabeuil (Court Circuit) et sur les marchés locaux. Chacun est là pour aider l’autre en cas de besoin et tous se relaient en binôme pour assurer une permanence sur l’exploitation un dimanche sur deux.

Pour Alain Plantier, certaines conditions doivent être réunies pour se lancer dans un tel projet :

  • S’y prendre très à l’avance, au moins dix ans avant l’échéance de la retraite,
  • Partager le même état d’esprit (modèle d’agriculture, objectifs, complémentarité…),
  • Bien réfléchir à l’organisation de l’exploitation (accès aux terres et aux bâtiments agricoles, statuts juridiques, financements…),
  • Ne pas vouloir faire de bénéfices sur les terres et le matériel revendus à la nouvelle ferme, mais privilégier l’installation des jeunes agriculteurs.

Les activités de production et leur répartition sur l’exploitation :

  • Céréales (blé, orge, maïs, soja, tournesol) : 29 ha.
  • Brebis laitières : 18 ha, avec un troupeau de 40 brebis (60 à terme).
  • Cultures maraîchères : 2 ha.
  • Plantes médicinales et petits fruits : 1 ha.