Les défis de l'entrepreneuriat et de son financement par le Réseau Rural Français

Au sein du Réseau Rural Français, un groupe thématique national s'est donné comme objectifs de favoriser la création d'activités et d'emplois en milieu rural, d'encourager la diversification des activités et de faciliter l'émergence de dynamiques entre acteurs locaux. Il fait le lien entre six projets d'études explorant l'initiative économique sous un angle spécifique. Deux ans plus tard, la revue du Résea tire les premiers enseignements sur l'entrepreneuriat et les nouvelles tendances de son financement.

Les six projets d'études sur l'entrepreneuriat :

  1. Créativité d'activité agricole par les entrepreneurs hors cadres familiaux : besoins spécifiques, leviers d'action et complémentarité des dispositifs d'accompagnement
    Projet copiloté par les Jeunes agriculteurs (JA) et le Mouvement rural de Jeunesse chrétienne (MRJC)

  2. Développer l'entrepreneuriat dans les territoires ruraux : la plus value des territoires de projets
    Projet piloté par l'Association de promotion et de fédération des Pays (APFP)

  3. Politiques d'accueil et accompagnement de la création/reprise d'entreprises en milieu rural
    Projet EMRic piloté par l'Assemblée permanente des chambres d'Agriculture (APCA)

  4. Les espaces agricoles : adapter une nouvelle forme d'entrepreneuriat partagé aux activités agri rurales
    Projet piloté par le Réseau du test agricole (Reneta)

  5. Favoriser le lien entre production et consommation : de nouvelles voies pour dynamiser l'entrepreneuriat local ?
    Projet piloté par Entreprises territoires et développement (Etd)

  6. L'entrepreneuriat collectif : quelles solutions pour créer, développer et transmettre les entreprises en milieu rural ?
    Projet piloté par la Fédération nationale des Cuma (FNCuma) et l'Afip

Les enseignements de chaque projet seront accessibles d'ici fin 2013 à travers des séminaires, des guides méthodologiques, des ateliers pratiques, des modules de formation...

D'ores et déjà, de premiers enseignements ont été tirés :

  • Chez les agents de développement : une faiblesse de culture professionnelle sur le développement économique. Ils se positionnent plus sur une gestion de dispositifs de financement que sur de la prise de risque.

  • Chez les élus : la même inhibition se retrouve ; ils sont en plus habités d'un réflexe d'aménagement.

  • Au niveau des territoires : l'enjeu du développement de dynamiques territoriales, par exemple pour créer du lien entre bassins de production et bassins de consommation ne reposant plus sur des logiques institutionnelles mais sur l'intelligence collective, mais aussi pour clarifier le « qui fait quoi ? », coordonner et mettre en réseau les acteurs autour d'une stratégie, mettre les entrepreneurs en lien avec les établissements bancaires et les conseils de développement.

  • Le besoin d'un accompagnement post installation pour assurer la pérennité des activités créées ou reprises : tutorat, coopération interentreprises, entrepreneuriat collectif (Cuma, coopératives d'emploi et d'activité, espaces test agricoles...) ou même un simple numéro de téléphone pour évoquer les difficultés de l'entreprise.

  • La spéficifité de l'installation hors cadre familial qui pose des questions particulières en matière d'accompagnement : accès au foncier, aux financements et à la formation.

Le revue du Réseau Rural Français poursuit son dossier sur les nouvelles voies de l'entrepreneuriat par un article sur les nouvelles pistes de financement. En voici les principaux points résumés : 

  • Alors que les sources de financements publics se raréfient, l'Union européenne (UE) souhaite désormais dédier 10 % de ses fonds, non plus à des subventions, mais à de nouveaux outils d'ingénierie financière de type avance remboursable, bonification d'intérêts, capital risque... Ce sont des mécanismes qui permettent que les sommes remboursées par les premiers entrepreneurs aidés soutiennent ensuite d'autres projets, de mettre en place un suivi dans la durée, de favoriser la professionnalisation des projets accompagnés, d'obtenir une meilleure compatibilité avec la réglementation des aides d'Etat. L'UE prévoit d'accroître l'utilisation de ces outils pour la période 2014-2020.

  • Les collectivités ont donc un rôle clé à jouer et doivent se doter de compétences sur la connaissance des fonds européens, sur les aides d'Etat et en matière d'expertise financière.

  • Localement, des outils de ce type ont déjà fait leurs preuves : les plateformes d'initiatives locales, dont les comités d'attribution ne sont pas contrôlés par les banques et qui introduisent une autre approche du risque.

  • La finance participative a le vent en poupe : depuis 2007, 17000 projets ont été financés et plus de 56,3 millions d'euros ont été levés par ce biais. Ce type de financement repose sur trois caractéristiques : une forme de financement direct qui permet à l'épargnant de choisir la cible finale de son investissement (don, prêt ou capital) ; des formes d'entreprise classique ou solidaire aussi bien que des projets de toutes formes dans le champ culturel et social ; un financement par le plus grand nombre d'épargnants (« crowdfunding »). Son financement repose sur deux ressorts puissants : Internet et l'aspiration des épargnants au choix, à l'autonomie, à la désintermédiation financière et aux circuits courts.

Retrouver l'intégralité de ce dossier dans la revue semestrielle du Réseau Rural Français (n°6, juin 2013, 20 pages)