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"Ces aides [alimentaires] qui nourrissent la précarité"

"Certes, il peut paraître « contre-intuitif » de jeter un regard critique sur l'aide alimentaire qui permet, chaque jour, à des centaines de milliers de personnes de souffler un peu autour d'un repas chaud. Même chose pour les chèques alimentaires, en préparation dans l'arrière-cuisine du gouvernement. Reste que ces pansements, successivement usés, raccommodés et remplacés ne suffisent plus à cacher la misère que notre société se refuse à voir. Pire, ils jouent parfois contre elle : que faire alors ?" D'autant que l'aide alimentaire est devenue une véritable filière économique, rappelle un long article de la revue Sesame de la mission Agrobiosciences-Inrae, qui imagine ce que la reconnaissance d'un droit à l'alimentation changerait.

"Cinq types de ruralité pour en décrire la diversité" : nouvelle typologie des espaces ruraux dans un article de l'Insee consacré à la région Auvergne-Rhône-Alpes

Dans un article paru en février 2019, deux auteurs de l'Insee rappellent d'abord quatre approches existantes avant de les emboîter : rural morphologique (par rapport à l'unité urbaine - et donc 1,8 million d'habitants sur les 7,8 millions en Auvergne-Rhône-Alpes en 2014), rural isolé, rural très peu dense, et "communes les moins denses et avec un lien fonctionnel à la ville plus faible". Ils aboutissent alors à un gradient de ruralité, en fonction de la densité et de l'éloignement aux pôles d'emplois et aux services, formant grossièrement plusieurs couronnes autour des villes : le rural périphérique, le rural couronne éloignée, le rural bourg, le rural très peu dense et le rural éloigné (ainsi qu'une catégorie "autre rural", non décrite). Pour Géoconfluences, le site expert ENS/DGESCO de géographie, "cette typologie offre un regard complémentaire par rapport à celles existantes".

"L'attractivité du territoire rural pose un vrai dilemme aux élus locaux"

"Dans une France post-crise du Covid-19, les ruralités semblent avoir le vent en poupe auprès des Français, postule La Lettre du cadre territorial. Mais ces dernières n'évoluent pas toutes au même rythme et ne bénéficient pas forcément des mêmes avantages". Pour le mensuel, le géographe Pascal Chevalier distingue différents types de ruralités et les profils des nouveaux arrivants (diminution de la part des retraités, augmentation de celle des inactifs pauvres). Si, selon lui, la loi Egalim semble bien taillée pour les territoires ruraux et les attentes sociétales, comment les élus peuvent-ils agir sur le logement, le foncier, les mobilités avec les lois Climat et résilience et ZAN ?

"La périurbanisation offre une revanche aux villages"

Pour comprendre la formule, il faut lire le texte d'Eric Charmes publié le 24 octobre 2017 dans La Vie des idées. Pour le chercheur en sciences sociales appliquées aux questions urbaines et à l'urbanisme, et à contrecourant du discours/diagnostic qui oppose la richesse des villes à la pauvreté des campagnes, "les territoires en crise sont (...) avant tout des cœurs de ville, des territoires très urbains" ; en profitent alors "des campagnes périurbaines qui prennent le pouvoir".

"Le ruissellement des métropoles sur les territoires : mythe ou réalité ?"

C'est la question-titre d'un dossier du magazine Population & Avenir dans lequel deux chercheurs se basent sur la géographie économique et de l'emploi pour y répondre. Rappelant notamment qu'il existe des territoires attractifs en dehors des métropoles ("le développement local autonome"), les auteurs s'interrogent sur la "métropole : un centre en trompe-l'œil ?" et invitent à ne plus considérer la France "uniquement comme un ensemble de territoires organisés par des centres que seraient les métropoles".

"Notre système digestif, très peu efficace, pourrait être remplacé par des millions de nanorobots intelligents, diffusés dans le corps et venant s'approvisionner à une poche abdominale artificielle remplie de nutriments"

Le service de veille du Centre d'études et de prospective du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation a fait la recension de l'ouvrage "Futur. Notre avenir de A à Z", de l'essayiste Antoine Buéno qui développe quarante fiches traitant de sujets divers : "art", "data", "frontières"… Mais aussi "agriculture et alimentation", dont l'auteur rappelle d'abord les défis des prochaines années puis "prolonge par d'intéressantes remarques sur l'ingénierie tissulaire, la viande artificielle et la « carniculture », qui seront fortement concurrencées par le steak de protéines végétales." Idem pour la fiche "animal", qui "commence par décrire les enjeux basiques (…) [et] présente ensuite des hypothèses pour des époques plus éloignées : « satellisation du vivant » par réorganisation de toute la biosphère en fonction des besoins humains ; humanisation de l'animal par génie génétique pour augmenter ses capacités cognitives ou lui faire produire industriellement des organes greffables et des médicaments ; animalisation de l'homme par hybridation pour décupler notre force physique, l'acuité de nos sens ou nous doter de nouvelles aptitudes (par ex. peau capable d'effectuer la photosynthèse)."

"Performances" socio-économiques de territoires : des effets macro-régionaux, plus que des effets taille ou densité

Les débats sur les dynamiques territoriales sont souvent organisés autour d'oppositions entre métropoles, villes moyennes et petites villes (des effets taille procureraient avantage ou désavantage aux territoires en fonction de leur position dans la hiérarchie urbaine), ou bien entre territoires urbains et territoires ruraux (idem mais à partir des effets de densité). "Ce faisant, on occulte l'existence potentielle d'effets liés à l'appartenance des territoires à des espaces plus larges, qu'on peut qualifier d'effets macro-territoriaux ou macro-régionaux". Réalisée pour la Région Nouvelle-Aquitaine, une analyse d'Olivier Bouba-Olga et Mathieu Obertelli a porté sur les 1231 intercommunalités de France métropolitaine à partir de 16 indicateurs relatifs à la population, l'emploi, le chômage et les revenus. "Il s'avère alors que les effets macro-régionaux dominent largement les effets taille et les effets densité".

"Quand on dit « droit à la mobilité », cela doit aller aussi de pair avec « droit à la proximité» ou « droit à l'immobilité »"

Extrait des propos tenus par Vincent Kaufmann, sociologue à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, qui, dans un long entretien à la revue en ligne Urbanités, décortique le concept de mobilité et son évolution, notamment vis-à-vis de la question de l'ancrage territorial local. Il y précise sa préférence pour la notion de "motilité", dont il est l'inventeur, "qui permet de mesurer l'aptitude à se mouvoir dans la diversité, c'est-à-dire aussi bien l'aptitude à la réversibilité que l'aptitude à l'ancrage". Il s'étend également sur les questions de service public et d'opérateurs privés, sur l' "énorme enjeu" que représentent l'intégration tarifaire et l'intégration de l'information, sur les limites du "tout smartphone". Il pose enfin la question de la voiture autonome : sera-t-elle individuelle ou collective ?

"Recettes publiques d'un accueil qui dépasse les bornes", ou comment mettre "complètement" en place une maison de services aux publics

Le Laboratoire breton d'innovation publique Ti Lab a accompagné la mise en place d'une MSAP - depuis labellisée Espace France Services - sur le territoire rural de Saint-Méen Montauban, dans le cadre du projet de Recherche-Action LabAccès (piloté par la Région et la DRJSCS de Bretagne) : Accès aux droits et lutte contre le non recours dans un contexte de dématérialisation. Un ouvrage diffuse à présent la documentation de cette expérimentation et "constitue à la fois le récit de cette expérience et une proposition de recettes et outils pour améliorer le service, l'accueil et l'accès aux droits. Et cela, quels que soient le lieu et le dispositif « d'humanisation » de l'accès aux services."

"Territoire. Le mot claque comme un drapeau"

C'est par ces mots que s'ouvre "Le territoire, une affaire politique", un dossier qui rassemble une dizaine d'articles publié en avril 2022 par la revue Multitudes. Dans l'article inaugural, intitulé "Disputations territoriales", les pilotes du dossier Priscilla De Roo et Martin Vanier expliquent que "le vocable [territoire] est instrumentalisé" et qu'ils ont souhaité "déconstruire le mot, traquer ses différentes intentions, mesurer ses diversités, explorer d'autres spatialités, le lieu, le milieu, le réseau. Poser un regard froid sur un objet chaud. L'insérer dans les controverses théoriques qui influencent les politiques publiques."

"Vers une ingénierie des transitions territoriales ?"

A l'issue du premier temps des Journées des territoires 2022 intitulées "Les transitions en commun : transmettre, imaginer, choisir... vers quelle direction nouvelle ?", organisées par l'Unadel, les chercheurs Laurence Barthe et Pierre-Antoine Landel sont intervenus pour parler des évolutions de l'ingénierie territoriale aujourd'hui. Deux comptes-rendus sont à présent disponibles, qui s'appuient sur les enseignements de neuf "écoutes territoriales" (dont Biovallée en AuRA) menées par l'Unadel en 2021-2022.

1000 doctorants pour les territoires

C'est le nom d'une plateforme de mise en relation des collectivités territoriales avec des étudiants volontaires pour venir réaliser un travail de recherche dans leurs services. La collectivité est subventionnée pour cette embauche de trois ans, via le dispositif Cifre (14 000 € par an). A terme, le jeune chercheur valide une thèse de doctorat, réalisée en collectivité territoriale, association ou établissement public éligible au dispositif de subvention, sur une problématique de politique publique territoriale (transition écologique, numérique, économique, démographique, santé…).

Actes des 25es Controverses européennes : images des mondes agricoles dans la société, l'état de chocs ?

Les 25es Controverses européennes proposaient à l'été 2019 deux jours de débats et d'échanges "pour identifier les nouvelles images de l'agriculture, dans un contexte marqué par la radicalisation des positions et de vives controverses. Certains diront que c'était avant le Covid - un autre monde en somme - et que de l'eau a, depuis, coulé sous les ponts. Pas tant que ça..." Si la Mission Agrobiosciences en a publié les Actes en 2021, "c'est bien parce qu'ils esquissent, page après page, les débats qui prennent place désormais dans l'espace public, du sentiment de bashing généralisé à l'ambivalence de l'image du bio, sans oublier les nouveaux imaginaires qu'ils aient trait à l'élevage, à la représentation de la nature ou aux théories de l'effondrement. Dans un contexte où l'image façonne les esprits tout autant que les faits, le téléchargement de ces Actes, gratuits, est à pratiquer sans modération."

Agir avec Bruno Latour : ré-apprendre à faire territoire

Les apports théoriques et d'autres qui se veulent pragmatiques du sociologue, anthropologue et philosophe des sciences Bruno Latour, qui a publié plusieurs ouvrages pendant la crise sanitaire, sont souvent convoqués dans les réflexions/débats actuels. Un groupe de réflexion sur les "métamorphoses de l'action publique", animé par l'agence de design Vraiment Vraiment, a échangé avec Bruno Latour et livre un premier article dans lequel sont mis en avant : les apports "de Latour pour les politiques territoriales" ; des "principes d'action à partager avec les collectivités locales pour engager [un] travail d'auto-description collective" (i.e. "prendre conscience de la diversité des acteurs dont on dépend, et la rendre visible", "déplier une chaîne de subsistance"), qui est une autre manière de conduire un diagnostic territorial ; mais aussi des difficultés (à relever ?) pour passer à l'action en suivant ce cheminement.

Agir sur les modes de vie : de nouvelles clés d'analyse

Habiter, se déplacer, travailler, rencontrer et consommer : "depuis quelques années, la notion de « modes de vie » émerge comme une entrée pertinente pour appréhender autrement l'ampleur des changements à opérer pour réussir la transition écologique". Changer les modes de vie plutôt que les comportements ? La Direction de la Prospective et du Dialogue public de la Métropole de Lyon consacre un dossier à cette approche et se penche sur "des outils pour objectiver l'action des pouvoirs publics en faveur de modes de vie soutenables".

Alimentation : sortir des inégalités

"Comment nos appartenances sociales impactent-elles nos assiettes ? Quelles politiques publiques mettre en place pour une alimentation saine pour tous ?" L'INRAE publie un dossier consacré à ces questions dans sa revue RESSOURCES.

Analyses de géographes sur les inégalités territoriales

En juillet 2017, France Stratégie, organisme de réflexion, d’expertise et de concertation placé auprès du Premier ministre, publiait une note intitulée "Dynamiques et inégalités territoriales". La Gazette a proposé à deux géographes, Gérard-François Dumont et Daniel Béhar, d'analyser les constats et les propositions de France Stratégie et les conséquences de la réforme territoriale. Une interview croisée et riche, sous le titre "Inégalités territoriales : un enjeu de la présidentielle ?"

Approches territorialisées des usages de la forêt

Tel était le titre d'un colloque monté en janvier 2017 par le Réseau SEHS des sciences économiques humaines et sociales du Groupement d'Intérêt Public Ecofor, qui rassemble les principaux organismes forestiers français. Trois thématiques principales ont été traitées : la fourniture de biens et services forestiers à une échelle territoriale et de contributions à l’identité du territoire ; la forêt, source de tensions dans les territoires ; les territoires (collectivités locales et acteurs de terrain), berceaux d’instruments innovants pour la forêt. Toutes les contributions des chercheurs, gestionnaires ou acteurs sont à présent en ligne.

Arrêter la CAME (compétitivité, attractivité, métropolisation, excellence)

Titre déformé d'un article, "conçu comme un essai" par ses auteurs Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti (Université de Poitiers), intitulé réellement "La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ?". Celui-ci entend déconstruire "l’émergence d’une mythologie séduisante dans le champ du développement économique : l’approfondissement de la mondialisation plongerait l’ensemble des territoires face à un impératif de compétitivité, seules quelques métropoles pouvant rivaliser pour attirer les talents et les leaders de demain, métropoles qu’il conviendrait donc de soutenir en concentrant les efforts sur l’excellence." Et propose une analyse des différents composants de la CAME ainsi que quelques éléments de réflexion sur des alternatives envisageables.